Écrit par
Lorina Balan
, Spécialiste en marketing digital
Donald Trump est de retour, et le paysage numérique mondial est sur le point de changer. Si la nouvelle administration n'a pas encore abordé explicitement la question de la souveraineté des données, une chose est claire : Les flux de données mondiaux sont sur le point de devenir beaucoup plus compliqués. À en juger par son dernier mandat, on peut s'attendre à un regain d'intérêt pour le protectionnisme économique, pour la sécurité nationale et pour une approche « America First » de la technologie.
Pour les entreprises et les gouvernements en dehors des États-Unis, en particulier en Europe, cela soulève une grande question : Comment pouvons-nous garder le contrôle de nos propres données alors que les lois américaines s'étendent bien au-delà des frontières américaines ?
Le retour de Trump et l'impact du CLOUD Act
Lors de son précédent mandat, le gouvernement de Trump a laissé une empreinte durable sur la politique technologique. Le CLOUD Act de 2018 permet aux autorités américaines d'exiger des données auprès d'entreprises américaines, même lorsque ces données sont stockées en Europe.
Cela signifie que même si les entreprises européennes suivent des règles strictes comme le GDPR, les données européennes peuvent toujours tomber sous le coup de la loi américaine. En termes simples, le fait de s'appuyer sur des services cloud américains expose les données européennes à des demandes juridiques étrangères et à des pressions politiques.
Avec le retour de Trump, attendez-vous à davantage de décrets et de sanctions potentielles ciblant les entreprises qui résistent aux exigences américaines. Le risque est clair : Continuer à dépendre des géants américains de la technologie pourrait transformer les actifs numériques européens en pions géopolitiques.
🛑 Et si demain, le gouvernement américain obligeait Microsoft à bloquer l'accès à toutes les données et que l'Europe était laissée de côté ? 🛑 Que se passe-t-il si les services cloud américains deviennent une arme géopolitique, à l'instar des sanctions contre Huawei ?
Ce n’est pas de la fiction. C’est un appel à réagir.
L'Europe peut-elle s'affranchir des Big Tech américaines ?
L'Europe se flatte depuis longtemps d'une forte protection des données et d'une concurrence loyale grâce à des réglementations telles que le GDPR. Mais jusqu'à présent, l'Europe a été trop lente à agir. Malgré le discours sur la souveraineté numérique, de nombreuses organisations, entreprises et gouvernements européens continuent de signer des contrats avec Microsoft, Google et Atlassian, sans se rendre compte que faire confiance à des fournisseurs américains met en péril leur souveraineté numérique.
En même temps, de nouvelles initiatives telles que la législation sur les marchés numériques et celle sur les services numériques, ainsi que des investissements dans des solutions locales de cloud computing constituent des étapes positives vers la protection des données européennes, mais les paroles ne valent pas grand-chose sans action décisive. Voici comment les organisations et les gouvernements européens peuvent faire la différence :
✅ Investir dans des solutions open-source pour réduire la dépendance à l'égard des solutions propriétaires américaines
✅ Construire une infrastructure cloud contrôlée par l'Europe qui ne soit pas sujette à des ingérences juridiques étrangères
✅ Rendre obligatoires les normes ouvertes afin d'éviter l'enfermement propriétaire et de protéger les intérêts de sécurité nationale
Ludovic, notre PDG, le dit sans détours :
L'Europe adore parler de souveraineté numérique, mais elle continue à confier son avenir digital à des entreprises américaines. Si nous sommes sérieux, nous devons cesser d'externaliser l'ensemble de nos technologies à la Silicon Valley.
L'open source comme voie vers la souveraineté numérique
Voici la vérité toute crue : Si l'Europe veut vraiment contrôler la situation, elle doit construire un écosystème numérique ouvert et indépendant. Les logiciels open-source offrent une transparence inégalée, car vous pouvez inspecter le code, l'héberger vous-même et l'adapter exactement à vos besoins. Pas de coûts cachés, pas de fonctionnalités imposées, vous avez le contrôle total.
Des initiatives comme openDesk du Zentrum Digitale Souveränität montrent déjà que l'Europe peut construire un écosystème numérique sûr avec des outils comme XWiki, CryptPad, OpenProject et Nextcloud qui sont des alternatives sûres, open-source et indépendantes aux plateformes américaines.
Comme le dit toujours Ludovic,
Si nous voulons avoir le contrôle, nous devons construire notre propre écosystème numérique ouvert et indépendant.
Récupérer notre souveraineté numérique
Le contexte géopolitique actuel indique clairement que notre dépendance actuelle à l'égard de fournisseurs de technologie étrangers constitue une vulnérabilité critique. Depuis plus de 20 ans, nous observons les pièges que représente le fait de céder le contrôle à des géants technologiques externes dont les politiques, comme le CLOUD Act, exposent nos données à des pressions juridiques et politiques imprévues.
La réalité est évidente ! Les excès juridiques des États-Unis peuvent étendre leur influence bien au-delà de leurs frontières, mettant en péril l'intégrité des données stockées en Europe. Il ne s'agit pas seulement d'une question de politique, mais du fondement même de la confiance numérique et de la sécurité nationale. Avec chaque service externalisé, nous risquons de céder un peu plus de notre autonomie numérique.
C'est un moment décisif pour le paysage numérique européen. L'époque où l'on espérait que les entreprises technologiques américaines feraient preuve d'équité est révolue. L'Europe doit s'approprier son avenir numérique, sous peine de le perdre complètement.
La solution est aussi simple qu'ambitieuse : investir dans des technologies open-source, développer des infrastructures cloud efficaces et gouvernées localement, et appliquer des normes ouvertes qui sécurisent nos actifs numériques. L'histoire a montré que la véritable innovation et la résilience naissent de la maîtrise et de la compréhension des outils mêmes que nous utilisons.
Les décisions prises aujourd’hui façonneront la sécurité et la robustesse du monde numérique de demain.
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